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Les solutions adoptées par l’Etat en faveur de la lutte contre le broutage

Depuis les années 2000, le broutage a pris de l'ampleur en Côte d'Ivoire. Au départ c’était des Nigériens, puis au fil des années ce phénomène s'est développé en Afrique et la Côte d'Ivoire est partculièrement touchée par ce phénomène.

Au vu des activités frauduleuses, l’état Ivoirien a mis en place certaines structures spécialisées dans la lutte contre ce fléau comme : la PLCC (Plateforme de Lutte contre la Cybercriminalité) créée en septembre 2011, la LCN (Laboratoire de Criminalistique Numérique) et la DITT (Direction de l’Informatique et des Traces Technologiques) créée en 2009. En effet, le 27 juillet 2013, après de nombreux constats d'arnaques, des experts ivoiriens - à savoir : Stéphane Konan (DITT), le Capitaine Samassi (SDTT), Docteur Coulibaly Talman (Labo DITT), le Lieutenant Djosse Éric (Responsable de la PLCC) et Aman Vladimir (Communication PLCC ) - se sont réunis pour débattre de l’urgence d’intensifier cette lutte en Côte d'Ivoire. Face à cette situation, ces experts ont décidé dans l’immédiat de renforcer la coopération entre la PLCC et les sociétés de transfert d’argent, Western Union et Moneygram, afin d’empêcher les brouteurs d'utiliser ces sociètes comme modes de paiement pour percevoir le fruit de leurs escroqueries.

La PLCC est particulièrement impliquée dans la lutte active contre la cybercriminalité à Abidjan. Elle est constituée d’agents de la Police scientifique de la DITT (Direction de l’Informatique et des Traces Technologiques) et de l’ATCI (Agence des Télécommunications de Côte d’Ivoire). Les enjeux pour la Côte d’Ivoire sont importants puisque que le broutage représente une menace sur de multiples fronts :

  • il est un frein au développement de l’économie numérique : réduire le nombre d’adresses IP et cartes de crédit sur la liste rouge

  • il donne une mauvaise réputation au pays: mauvaise réputation des institutions du pays

  • il traduit la faillite morale de la jeunesse car il s'agit d'une population jeune de plus en plus attirée par l’argent facile

  • il représente un enjeu évident de sécurité des personnes et de leurs biens dans l’espace virtuel c’est-à-dire les entreprises ou les ménages doivent bénéficier d’une sécurité

  • il représente le terrorisme dans les cyber-cafés ou d’autres moyens d’escroquerie.

Afin de mener une lutte efficace, la PLCC a de mulptiples objectifs:

  • Aider les services d’investigations en utilisant des systèmes informatiques et apporter son assistance technique aux services de Police ;

  • Contribuer à la mise en place de moyens techniques et développer le traçage des systèmes d’information ;

  • Sensibiliser et informer les populations et autres services sur la cybercriminalité ;

  • Participer à la définition et la mise en œuvre des mesures techniques, organisationnelles et réglementaires dans le cadre de la lutte contre la cybercriminalité ;

  • Intensifier les recherches des cyber-délinquants sur internet ;

  • Coopérer avec les entreprises de télécommunication (ATCI par exemple)

  • Avoir une meilleure prise en charge des plaintes en ligne.

En effet, selon les statistiques de la lutte contre la cybercriminalité, en 2009 ce sont 980 dénonciations qui ont été enregistrées et 76 personnes qui ont été interpellées car elles sont suspectées d'effectuer des activités illégales. Plus de 5 millions de FCFA de préjudice ont été enregistrés ces 12 derniers mois. Ces activités s’accentuent et se développent au fur à mesure: 2000 dénonciations sur toute l’année 2012 pour 1000 dénonciations au 1er trimestre 2013. D’après les statistiques, ce sont 692 plaintes venant de victimes d’arnaques diverses que la PLCC a enregistrées. Pour les premier et deuxième trimestres 2013, elle a reçu un total de 214 plaintes de victimes.

Par contre, le préjudice subi par les victimes est élevé: c’est au total 1.885.593.066 de FCFA (1,885 milliards) que les brouteurs ont volé à leurs victimes. Comme on le voit, la Côte d'ivoire est sur liste rouge.

Ainsi donc, si l’on est victime d’escroquerie, nous pouvons procéder comme suit:

-Comment déposer une plainte auprès de la PLCC ?

La plainte peut être déposée via internet et elle est traitée en 48 heures. Le mail doit être envoyé à l’adresse cybercrime@interieur.gouv.ci. Les victimes peuvent également déposer des plaintes directement dans les bureaux de la PLCC, à Abidjan Plateau Immeuble Postel 2001 1er étage, en remplissant un formulaire.

-Comment cette plainte est-elle transmise et quel est le devenir de celle-ci ?

Une équipe vous remet un formulaire, que vous imprimez et remplissez en étant le plus précis possible . Vous le signez et vous le renvoyez à la PLCC par e-mail. Puis votre plainte est enregistrée et traitée par une équipe d’enquêteurs. Un complément d’informations peut vous être demandé (documents, historiques de conversations, numéro de transfert de fonds, etc.), afin de vérifier votre plainte. Ensuite les enquêteurs de la PLCC procèdent à une pré-investigation et transmettent le dossier au Parquet (Tribunal de grande instance). Ce dernier examine votre plainte, ainsi que les éléments composant le dossier afin de décider si vous votre plainte doit être poursuivie ou classée sans suite. En cas de poursuite, votre dossier sera transféré au tribunal compétent qui jugera les auteurs selon la loi ivoirienne. Ces auteurs seront condamnés à des sanctions pénales (emprisonnement, amende, etc.) ou à verser des dommages et intérêts sur décision du juge, pour réparation du préjudice subi.

Après ces dépositions, la PLCC peut procéder à des interpellations comme nous le voyons dans le tableau ci-dessous:

Les interpellations

On constate une augmentation du nombre de personnes interpellées entre 2013 et 2014 (+32,86%) tandis que le nombre de personnes déférées reste constant.

Les sensibilisations

La sensibilisation est importante dans la lutte contre les cybercriminels en Côte d’Ivoire. De nombreuses actions sont entreprises dans l'optique d'une sensibilisation efficace :

  • La campagne de sensibilisation sur les dangers de la cybercriminalité lancée le 10 Avril 2014, en la présence du Ministre de l’Intérieur et de la Sécurité ayant pour objectif d’informer et de former les jeunes à une utilisation légale des NTIC (Nouvelles Technologies de l’Informatique et de la Communication).

  • Une série télévisée « brouteur.com » réalisée par un cinéaste ivoirien. Cette série est un véritable outil de sensibilisation sur la cybercriminalité.

  • Coopération avec des pays étrangers et des organismes internationaux d'une part. Ainsi par exemple, avec:

BELGIQUE: Police (Investigation commune) ;

BURKINA FASO: Police, Banques (Formation dispensée par la DITT et la DPEF) ;

CAMEROUN: Police, Gendarmerie (Séminaire Francopol modéré par la DITT);

CANADA: Québec Police (Demande d’information, séminaire conjoint Francopol) ;

FRANCE: Police, Gendarmerie (investigation commune, demande d’information, Formation reçue par la DITT/PLCC, partage d’expérience) ;

NIGER: Police and INTERPOL (investigation commune, support technique par DITT) ;

ESPAGNE: Police (Demande d’information) ;

SUISSE: Police (Investigation commune, demande d’information, formation reçue par la DITT) ;

USA: FBI (Investigation commune, demande d’information, formation reçue par la DITT) ;

FRANCOPOL: (Séminaires, partage d’expérience) ;

INTERPOL –Bureau Régional;

INTERPOL – Digital Crime Center – Singapour (Demande d’information).

Et d’autre part avec des opérateurs de téléphonie et d’autres opérateurs comme :

MOOV - Côte d'Ivoire

MTN – Côte d'Ivoire

ORANGE / CI-TELECOM

Douanes

Facebook

MONEY-GRAM

Office National d'Identification (ONI)

Pour mener a bien cette lutte , La PLCC est épaulée par une autre structure qui est la DITT. La Direction de l'Informatique et des Traces Technologiques a été créée en 2009 par le Ministère de l'Intérieur et de la Sécutité afin d'accroître la sécurité.

En effet la DITT est le fruit d'un accord entre la Direction Générale de la Police Nationale (DGPN) de Côte d'Ivoire et l'Autorité de Régulation des Télécommunications de Côte d'Ivoire(ARTCI).

La DITT opère sur deux grands axes dans la lutte contre la cybercriminalité:

  • l’investigation en cybercriminalité : les technologies et les réseaux les infractions liées aux technologies et réseaux (paiements par téléphone par exemple).

  • l'appui technique apporté par le Laboratoire de Criminalistique Numérique (LCN) : Les enquêteurs ont besoin d'expertise pour prélever et rendre les traces technologiques intelligibles.

  • les projets et infrastructures TIC : la DITT a contribué à la mise en place du centre d’appel d’urgence dont l’installation du système de gestion sera finalisée en 2015.

D’après des rapports, comparé à 2013, l'on observe en 2014 une augmentation du préjudice global de 3,6 à 5,18 milliards (soit +43,85%) qui est dûe à une arnaque de plus de 1,5 milliards de F CFA. L’on constate par contre une faible augmentation du nombre de cas de 552 à 564 (+2,17%).

Les arnaques classiques telles que « l'arnaque aux sentiments » (-54,14%) et « la spoliation de compte mail » (-33,33%), font place à des infractions plus techniques telles que « le détournement de transferts d'argent » (+207,7%) et « les fraudes sur paiements par téléphone mobile » (+74,4 %).

Le pourcentage de victimes résidant en Côte d'Ivoire est de 77,13% en 2014, contre 40,94% en 2013. Cela s’explique toujours par ces nouvelles arnaques liées aux services de paiement par téléphone mobile, dont les victimes résident essentiellement en Côte d’Ivoire. Le nombre de personnes interpellées a augmenté de (+32,86%) par rapport à 2013.

Le Laboratoire de Criminalistique Numérique (LCN) chargé de soutenir la DITT a relevé qu’en 2014, en plus des analyses de relevés d’appels téléphoniques, 453 équipements (réseaux, ordinateurs, cartes SIM, etc.) ont été analysés pour 137 affaires.

Face à ces résultats, tout comme la PLCC, la DITT a fait des campagnes de sensibilisation:

  • Côte d'Ivoire (Abidjan), du 03 au 04 juin 2013: Atelier du Comité technique sur la cybercriminalité francophone, organisé par FRANCOPOL, INTERPOL et la DITT, à l'endroit des polices de lutte contre la cybercriminalité des pays francophones. Se sont réunis : le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, le Canada, le Cap Vert, le Niger, le Sénégal, le Togo. Y ont aussi particpé: Orange CI, le Responsable sécurité Western Union – Angleterre.

  • Cameroun (Yaoundé), du 25 au 28 novembre 2013: Atelier sur la cybercriminalité francophone, organisé par FRANCOPOL, INTERPOL et la DITT, à l'endroit des polices de lutte contre la cybercriminalité des pays Francophones d’Afrique (Congo, Gabon, Tchad).

Par ailleurs le Laboratoire de Criminalistique Numérique (LCN) a l’autorisation d’accompagner la police à travers ses activités d’investigations numériques, de veilles technologiques, de supports techniques et scientifiques. Cette assistance se manifeste par la mise en œuvre de méthodes informatiques, techniques et scientifiques, en matière de lutte contre la criminalité́.

Ainsi 10 experts dirigent le laboratoire des recherches en faisant :

  • les statistiques des équipements pour l’investigation numérique ;

  • les statistiques des réquisitions adressées aux entreprises et aux opérateurs des TIC.

Rapport des statistiques des équipements pour l’investigation numérique

Chaque matériel analysé a fait l’objet d’un rapport technique d’extraction et d’analyse.

Rapport des statistiques des réquisitions

-Café Mobile

L’opérateur n’a reçu qu’une demande qui n’a pas été satisfaite au 31 décembre 2014.

-Orange

L’opérateur n’a pas fourni de réponse pour 67,27% des numéros faisant l’objet de réquisition judiciaire. Il n’a répondu que pour 32,73% des demandes.

-Mtn

L’opérateur n’a pas fourni de réponse pour 52,03% des numéros faisant l’objet de réquisition judiciaire. Il n’a répondu que pour 47,97% des demandes.

-Moov

L’opérateur n’a pas fourni de réponse pour 44,18% des numéros faisant l’objet de réquisition judiciaire. Il n’a répondu que pour 55,82% des demandes.

-Green

L’opérateur n’a pas fourni de réponse pour 62,64% des numéros faisant l’objet de réquisition judiciaire. Il n’a répondu que pour 37,36% des demandes.

-Comium

L’opérateur n’a pas fourni de réponse pour 84,48% des numéros faisant l’objet de réquisition judiciaire. Il n’a répondu que pour 15,52% des demandes.

Après avoir étudié ces tableaux sur les compagnies téléphoniques, nous voyons que l’opérateur « Orange » est celui à qui il a été demandé le plus grand nombre de numéros demandés: 1543 demandes, soit 39.54%. Ensuite, nous avons MTN qui est non loin du taux de demandes à Orange, soit 39.16%. Par ailleurs, il y a COMIUM qui est l’opérateur avec le taux de demandes non traités le plus élevé, soit 84.48%. Mais ORANGE ET GREEN ne sont pas éloignés de ce taux, avec 62.27% pour ORANGE et 62.64% pour GREEN. Le plus marquant est l’opérateur CAFE MOBILE qui n'a enregistré q'une seule demande qui n'a pas été traitée.

On peut conclure que les brouteurs utilisent plus les réseaux ORANGE , MTN ou encore MOOV.

Outre les solutions prises par l'Etat, on peut aussi ajouter d'autres méthodes de sensibilisation :

  • Coller des affiches sur des panneaux : cela permettra de sensibiliser la population ivoirienne 7 jours sur 7.

  • Faire des campagnes de sensibilisation dans les écoles ou dans les quartiers.

  • Faire une rubrique spéciale dans les journeaux contre les brouteurs, qu’on peut appeler « Anti-broutage » par exemple pour permettre aux lecteurs d'acquérir une connaissance plus approfondie sur les méthodes utilisées par les arnaqueurs.

  • Créer des infrastructures pour les délinquants ou les enfants de la rue. En effet, nous savons que les brouteurs sont dans une tranche d’âge comprise entre 17 et 30 ans; ce sont des jeunes défavorisés ou à la recherche du gain facile. Ainsi donc la création d’infrastructures de ré-adaptation à la vie en société ou la scolarisation de ces jeunes leur seront bénéfiques.

  • Etc.

Pour ne citer que ceux-là car l’on peut envisager plusieurs moyens de lutte contre ce fléau.

Sources : https://www.youtube.com/watch?v=RSpdI-sx_Gs , http://cybercrime.interieur.gouv.ci/sites/default/files/Rapport%20annuel%202014_PLCC_LCN.pdf , http://cybercrime.interieur.gouv.ci/?q=propos-de-la-plcc , www.brouteurs.com,


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